La vie de Maxime LISBONNE méritait bien une toute page entière.
Au sortir de la funeste défaite militaire de 1870 et de la tragédie sanglante de la Commune, Paris tourbillonne dans le plaisir et
les divertissements. C’est l’époque des caf’conc’, le règne du mauvais goût et de l’étourdissement. Les anciens Communards,
ceux-là même qui ont survécu aux fusillades, aux exécutions sommaires vengeresses, à l’exil ou à la transportation qui se
voulait «rédemptrice» sont de retour, et ils le font savoir haut et fort !
Le « temps des cerises » de Jean-Baptiste CLÉMENT, sera la chanson emblématique de cette époque, et c’est bien vrai que
nous aimerons toujours le temps des cerises Et les souvenirs que nous gardons au cœur !
Ainsi va pointer un mouvement artistique libertaire ou tout un chacun se laisse aller, à sa guise, à s’exprimer, s’opposer, revendiquer, peindre tout en repoussant les limites du conventionnel. Ces talents vont effectuer leurs premiers pas au sein des cabarets qui s’installent à droite, à gauche dans les quartiers populaires et dont le plus célèbre sera celui à l’enseigne du Chat
Noir tenu par Rodolphe Salis et le Divan Japonnais tenu par Maxime LISBONNE.
Personnage singulier, artiste, homme politique il joua un rôle important lors de la Commune de Paris en 1891, qu'un hommage particulier lui soit rendu.
Bonne lecture.
Philippe AUTRIVE
Marcel CERF, Biographe talentueux de Maxime LISBONNE vient de décéder le 1er janvier 2010 à l’âge de 97 ans.
Cette page lui est dédiée.
Militaire indiscipliné et fantasque, saltimbanque et profondément républicain, Maxime Lisbonne est élu capitaine de la garde nationale. Muni d’un chapeau noir à plume rouge, il se bat, avec courage et même témérité : Il fait l’admiration de tous. Son insouciance du danger, son panache lui valent son surnom de d’Artagnan ; blessé, torturé, il est condamné à mort, puis au bagne à perpétuité. En Nouvelle Calédonie, il écrit ses mémoires et défend la cause Kanak. A son retour, il devient journaliste, directeur de cabarets, de théâtres ou de tavernes où il raconte le bagne et présente le programme de la Commune. Il reste fidèle aux idéaux de la Commune jusqu’à sa mort en 1905. Il est enterré au cimetière de la Ferté Alais.
Le samedi 20 juin 2015, inauguration par Monsieur Eric Lejoindre et Daniel Vaillant, ancien Ministre, d'une rue Maxime Lisbonne à PARIS 18ème, qui commence au n°6 de la rue Ernestine et finit au n° 9 de la rue Emile Duployé.
1839 - 1905
Maxime LISBONNE est né à Paris, le 24 mars 1839, il aura un sacré parcours. Il s’engage très jeune dans la vie militaire, et dès
le 7 mai 1854, il embarque comme mousse sur la Belle Poule et participe ainsi à la campagne de Crimée. Maxime Lisbonne fait
la campagne en Italie et en Syrie. Envoyé aux compagnies de discipline, il fut gracié pour s’être signalé pendant l’incendie de l’hôpital d’Orléansville.
Maxime LISBONNE a vécu quelques temps à Saint-Etienne où il tenait un bar.
Après sa libération, il dirigea en 1865-1868 le « théâtre des Folies Saint-Antoine » qui sera mis en faillite en 1868
et fermera définitivement le 1er mai 1873.
Il y fera jouer, le 11 mai 1868, Les Métamorphoses d’Ovide, pièce en trois actes, par Paillard et Miro.
Puis il fut courtier en assurances.
Pendant le siège de Paris, il se range du coté des Fédérés, et joue un rôle très actif dans la défense de la capitale. Il prend
part à plusieurs combats (Arcueil, Buzenval). Capitaine au 24ème bataillon de la garde nationale, lieutenant dans un régiment de
marche, il prit une part active à la journée du 18 mars 1871, s’empara de la caserne des Minimes et fut nommé le 1er mai 1871
Lieutenant-colonel par
Louise Michel dira de lui : « Quand Lisbonne vint le matin ( à Clamart NDLR ) amenant du monde, il fut à la foi content et
furieux, secouant ses cheveux sous les balles qui recommençaient à siffler ainsi qu’il eut chassé des mouches importunes ».
« Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’a droit qu’à un peu de plomb, j’en réclame ma part ! ». Louise Michel
La commune Histoire et souvenirs.
"Pour évacuer le fort d’Issy, Le Commandant Lisbonne fut d’une grande bravoure, protégea la retraite qui se fit au milieu des
balles ».
Histoire de la Commune de 1871 – Éditions La Découverte – Prosper-Olivier Lissagaray
Le Fort d'Issy les Moulineaux a joué un rôle très important lors de la commune. Les Fédérés s'emparent du Fort d'Issy les 19 et 20 mars. l'évacuation définitive aura lieu le 8 mai sous l'autorité de Lisbonne. Maxime Lisbonne va se battre héroïquement, rue par rue au travers d'Issy-Les-Moulineaux, jusqu'à la barricade de la Porte de Versailles.
(Source Jean-Pierre THEVRIER - La Commune 2015 Trimestre 2).
Maxime LISBONNE sera qualifié de « Murat de
« Il portait une tunique de zouave, un pantalon large dans des bottes molles, une écharpe rouge, et un chapeau noir, avec
une plume rouge, à la Fra Diavolo. Je ne l’appelais que le Murat de la Commune. Il se faisait suivre partout par un Turco qui fut
plus tard tué à ses côtés. C’était un des hommes les plus braves qui se puissent rencontrer. Je l’ai vu au fort d’Issy, qui n’était
plus qu’un amas de terres bouleversées, s’exposer au feu avec le mépris du danger ou plutôt, l’insouciance complète
du danger.»
Dès le 24 mai, la défaite de
Le
En ce début de matinée du 22 mai 1871, Paris s'éveille et ne sait pas qu'il va connaître la semaine la plus sanglante de
son histoire. Vallès est allé rejoindre le colonel Maxime Lisbonne, le d'Artagnan de
de Versailles.
« C'est le frais du matin, un flot de mélancolie au cœur c'est la vue du ciel bleuissant ! . Lisbonne monte sur les pavés,
harangue ses maigres troupes : « discours souple, franc et crâne » estime l'écrivain Monteil.
« Déjà, les nouvelles affluent et elles sont mauvaises : les Versaillais avancent dans Paris et ne font pas de prisonniers... »
Sa défense se combine avec celle du colonel Lisbonne qui commande le quartier de la gare Montparnasse, les rues Notre
Dame des Champs, de Rennes et Saint-Sulpice. Maxime Lisbonne dirige en personne les barricades des rues Notre Dame
des Champs, Bréa et Vavin. Charlemont et son bataillon renforcent cette position stratégique importante.
« Là, nous avons pu constater le courage et le sang-froid imperturbable de Lisbonne, donnant des ordres avec le plus grand
calme, quoique à découvert sous le feu de l’ennemi, communiquant aux siens l’exemple de la plus grande bravoure et le plus
grand dévouement ».
Maxime Lisbonne sera blessé Place du Château d’Eau (actuelle place de
balle versaillaise qui lui broiera définitivement la jambe.
« Qui ne se souvient de Lisbonne, caracolant sur son cheval arabe, vêtu mi-partie en garde national et mi-partie en je ne sais
quoi de grenadier de Sambre et Meuse ? D’une bravoure hors ligne, et tout entier à sa besogne… » CLUSERET
Maxime Lisbonne sera par deux fois condamné à mort, et la seconde le 5 décembre 1871 par le 3ème conseil de guerre,
sous l’inculpation de dévastation, pillage, participation aux incendies de la rue Vavin.
« Le 5 décembre 1871, dans la salle du 3ème conseil, une sorte de fantôme apparut à la figure blême. Il se glorifia d'avoir
combattu et ne repoussa que les accusations de pillage. Les Versaillais le condamnèrent à mort".
Histoire de la Commune de 1871 Éditions la Découverte.
Sa peine sera commuée le 14 septembre 1872 en travaux forcés à perpétuité en Nouvelle Calédonie sur l’île de NOU où il partagera sa peine avec son amie de toujours, Louise Michel jugée quelque jours après devant le même conseil de guerre.
Ses compagnons diront de lui : « Le citoyen Lisbonne était demeuré l’endiablé boute-en-train que j’avais connu, soit au
combat, soit ailleurs.
« Deux bras qui s’arrondissent en face l’un de l’autre au-dessus non pas d’une tête, mais d’une petite rade, c’est la
presqu’île Ducos et l’île Nou entre les deux épaules, c’est Nouméa au fond de la rade. L’île NOU, c’est le plus, Dacosta,
Locamus, Lisbonne etc.
Étant les plus éprouvés, ils nous étaient les plus chers ; mis à la double chaîne, traînant le boulet près de ceux qui étaient
réputés les pires criminels, ils subirent d’abord leurs insultes, puis s’en firent respecter »… « tant Locamus, tout droit qui
secouait sa grosse tête frisée, que Lisbonne, frappant sa béquille, relevait la sienne sous sa crinière ; tous deux avaient des
allures de lions ».
Il fallu beaucoup de courage à Maxime Lisbonne, classé aux « incorrigibles », nom donné à une catégorie de
transportés pénitentiaire, pour survivre à cet enfermement carcéral qui dura 8 longues années sous le N°4589 à la presqu’île
DUCOS.
Le 18 mars 1880, Maxime Lisbonne écrit cette lettre pour commémorer l’anniversaire de
« Je rentre la tête haute et fière…Après huit années de bagne, je revois la capitale. Salut à toi, Paris ! ville des martyrs qui a
vu couler le sang le plus pur et le plus généreux. Les huit années de tortures que j'ai vécu rendent plus vif et plus entier
mon dévouement à ta cause.
C’est au milieu des amertumes de l’exil que j’ai mieux compris combien tu étais grand. Je ne veux rapporter dans tes murs aucun sentiment de haine et de vengeance. Pardonner n’est pas possible, après les injures dont nous avons été abreuvés !
Mais il est un sacrifice que, du moins, je saurai te faire : J’oublierai !
Qu’ils prennent garde, cependant, les ennemis éternels de
Qu’ils n’essaient plus les folles tentatives de Bordeaux, car, ce jour-là, tous tes enfants seraient encore une fois debout, et nous, les incorrigibles, nous nous souviendrons, alors !
Maxime Lisbonne - Forçat de
« En effet, il n’y avait qu’un bagne où des braves comme Lisbonne furent dès l’arrivée accouplés aux assassins,
aux empoisonneurs, obligés de leur disputer la ration, subirent des injures, quelquefois leurs coups, attachés au même travail,
au même lit de camp. La moindre infraction entraînait des peines terribles, la cellule, le quart de pain, les fers, les poucettes,
le fouet. Les poucettes broyaient les os et faisaient tomber les phalanges. Tous les vendredis, le fouet fonctionnait ! ».
Histoire de
Plus de 1800 personnes attendaient le retour des bagnards, le 24 janvier 1881, parmi ces bagnards figuraient Louise Michel et Maxime Lisbonne.
Ses amies et amis organiseront un dîner en l'honneur du retour du Colonel LISBONNE et notamment Jules VALLES et Séverine sa compagne :
Maxime Lisbonne vivra au 8 de la rue Saint André à Paris à Montmartre.
Ses voisins écriront « Le 8 était un petit pavillon séparé du 6 par un jardin avec tonnelle où l’on venait banqueter « à la campagne ». Lisbonne était mon voisin au numéro 8. Il avait acquis une voiture ayant appartenu au Duc de Brunswick et qu’il avait peinte en rouge. Dans cet équipage attelé de deux chevaux étiques, adornés de grelots, le Colonel revenait se coucher à 2 ou 3 heures du matin et réveillait toute la rue par le bruit de ferraille de son véhicule"
Une nouvelle vie attend Maxime Lisbonne, celle des cabarets, de la comédie, de la fantaisie , il est temps de tourner la page.
Les cabarets de Maxime Lisbonne
Revenu de nouvelle Calédonie après l’amnistie promulguée le 11 juillet 1880, il prendra tout naturellement sa place dans ce
Paris des Cabarets ou il dirigera le théâtre « des Bouffes-du-Nord ».
1882, deux ans après le retour de Nouvelle-Calédonie.
Maxime Lisbonne y créera Germinal d’Emile Zola, Hernani de Victor Hugo. « Chaque soir, son théâtre servait de
lieu de rendez-vous aux vieux communards comme aux jeunes collectivistes, il les tutoie tous » écrira Charles
Chincholle dans les Mémoires de Paris. Librairie moderne, 1889, p.61-79.
Poursuivant la lutte pour
Le seul journal qui ose dire la vérité ».
Le journaliste Jean-Baptiste Clément participera à ce journal. A compter du 15 mai 1885, le journal deviendra quotidien, puis
faute d’argent, sera suspendu.
Il renouvellera l’expérience quelques années après avec deux parutions : «
Maxime Lisbonne, publie cette annonce dans son journal
Bien des auberges dont la nudité et le délabrement des murs fait la pauvre originalité. (...) C’est en effet madame
Ségatori, propriétaire du Tambourin qui a réuni, placé avec un sentiment artistique, les œuvres des maîtres qui ont transformé
son établissement en une des plus intéressantes galeries de tableaux qui se puisse.
Pour ajouter à l’attrait de son établissement, la directrice s’est adjoint les plus charmantes collaboratrices qui se puissent
voire, fraîches fleurs écloses au soleil d’Italie et épanouies dans le rayonnement chaud de notre capitale.
Maxime Lisbonne participera à des conférences avec Louise Michel :
La Taverne du Bagne:
En référence directe à son séjour au Bagne de Nouméa, Le citoyen Lisbonne ouvre vraisemblablement en août ou septembre
1983, à l’angle de la rue des Martyrs et du boulevard de Clichy «
de « l’ Elysée Buffet » au 2 bd de Clichy. Il existait déjà en 1830, selon André Roussard, un bal qualifié " bastringue de barrière »,
qui était tenu par un nommé Charton.
Maxime Lisbonne fit blinder sa façade avec des plaques en fer-blanc, et placer deux portes cadenassées qui portaient en
lettres rouges les inscriptions : « Entrée des condamnés, et Sortie des libérés- l’espérance est bannie de ce lieu… ».
une soupe populaire bouillon de onze heures ») précise la réclame, « soupe canaque, gourgane de Toulon et Badinguet.
A l’entrée, des « gardes- Chiourme » annonçaient l’arrivée des clients, en criant des condamnations : - Duffan Anatole,
vingt cinq ans de réclusion, et madame !
La salle du cabaret était décorée, « sur les murailles » d’une trentaine de peintures représentant des scènes du bagne et de portraits de communards célèbres : Rochefort, Alphonse Humbert, Fortin, etc. Les garçons, habillés de la veste rouge et du bonnet vert des forçats, portant à leur ceinture un petit boulet porte-monnaie retenu par une chaîne, servaient «la clientèle» sur tables de bois blanc
Voici le tableau pittoresque qu’en dresse Charles Chincholle, journaliste au Figaro : «
de représenter exactement une des casernes de. Nouméa. On eût dit d’une prison. Au-dessus de la porte, une lanterne rouge.
Sur la toiture, à droite et à gauche, deux canons. A l’intérieur, qui était d’un minable à faire fuir, mais dans lequel on s’empilait
le service était confié à des forçats ayant tous au pied une chaîne se terminant par un boulet. Seulement le boulet était
creux, s’accrochait à la ceinture, s’ouvrait et contenait…la serviette avec laquelle on essuyait les tables. Là, le bock s’appelait
un boulet. »
d’une consommation donnait droit à un carton vert ou jaune sans lequel, à la sortie, on ne pouvait être « libéré » :
TAVERNE DU BAGNE
CERTIFICAT
DE LIBERATION
Le Condamné a consommé
Et s’est bien conduit. Le Directeur M. Lisbonne |
La Taverne du Bagne et des Ratapoils:
Maxime Lisbonne transforme le 12 février 1886 son cabaret en « Taverne du Bagne et des Ratapoils » au 12 de la
rue de Belleville.
C’était la réplique exacte de l’autre établissement portant le même nom « La Taverne du Bagne. La salle est décorée de peintures représentant des paysages de Nouméa et de l’île de Nou.
Le nom de « Ratapoils » est emprunté à une statuette créée par Daumier en 1850, qui représente un type de militaire rassis
et borné.
« Les Ratapoils étaient de beaux messieurs en redingote, ayant sur le chef un chapeau haute forme. Au-dessus
de celui-ci planait un aigle empaillé dont le bec tenait un morceau de lard. Par moments une dispute s’engageait entre un
ratapoil et un forçat. Pure comédie, on s’en doute. Cinq ou six forçats se jetaient sur le ratapoil, s’en emparaient et le
poussaient sur un petit théâtre simulant une forge ; ils le couchaient de force sur un banc et lui mettaient les fers aux pieds.
C’était la revanche de l’opprimé ».
Charles Chincholle.
Maxime Lisbonne en compagnie du « Père
La Taverne de la Révolution Française :
En dépit d’un spectacle original qui témoigne de la fantaisie et des qualités de la mise en scène des idéaux de Maxime
Lisbonne, le Bagne de Belleville ne connaît pas le succès de celui de Montmartre. Aussi Lisbonne, habitué à voir la foule
autour de lui, créa t-il, dans un quartier moins éloigné, près des Halles, une troisième taverne,
C’est au n° 54 du boulevard de Clichy que Maxime Lisbonne, ex Colonel de
citoyen Lisbonne, fonda, en 1888, « les frites révolutionnaires. « Il s’agit d’une sorte de brasserie cabaret à l’usage des
amateurs de pittoresque.
« Les pommes de terre frites sont apportées aux garçons par des mannequins grandeur nature qui représentent ou Napoléon III,
ou Louis-Philippe, ou un propriétaire, ou un huissier de justice, ou un frère, selon que le client demande une frite à la
graisse bonapartiste, à la graisse royaliste, à la graisse de propriétaire, à la graisse d’huissier, à la graisse cléricale.
Les frites boulangistes sont servies par un cheval noir, et les frites révolutionnaires par un lapin ».
Charles Chincholle.
On portait même les frites en ville, ou plutôt on « déportait », dans un fourgon cellulaire, un petit « panier à salade » traîné par
des poneys et précédé de livreurs costumés en gendarmes à bicornes. Mais les frites ne durèrent pas !
Maxime Lisbonne en profite pour retourner au théâtre, et pendant l’été 1888, il monte au théâtre Lyrique Le Sommeil de Danton,
de Clovis Hugues, le poète du socialisme, et il triomphe à Paris. Quelques mois plus tard, on le retrouve dans une revue
intitulée Aux Urnes. En août 1893, il joue dans « La revue d’été du Concert de l’Horloge.
Maxime Lisbonne dirigera d’autres cabarets excentriques, tels : en 1889 « La brioche politique » 17, rue du Faubourg
Montmartre, l’Auberge des Reines, le Caveau des Brigands. Il occupera même un temps le Chat Noir.
Le 22 septembre 1889, il se présentera aux élections législatives :
Puis aura d'autres ambitions le 23 mai :
LE CONCERT LISBONNE :
Entre 1887 et 1895, les cafés-concerts connurent leur période de plus grand renom. On y faisait la tournée des Grands Ducs.
Au début du XIXème siècle, le Divan Japonais s’appelait
Par suite, il fut rebaptisé
Charles Baudelaire.
Le café du Divan Japonais, fut dirigé de 1883 à 1892 par l’épicier poète Jehan Sarrazin.
Il devint le divan du Monde.
Le Divan Japonais deviendra « le Concert Lisbonne » de chansons érotiques en font à nouveau le lieu incontournable des artistes.
En octobre 1893, Maxime Lisbonne tiendra un moment le « Divan Lisbonne » 75, rue des Martyrs, immortalisé par Henri
de Toulouse Lautrec en 1893. La lithographie du Divan Japonais qui met en scène Yvette Guilbert, sous le regard de Jane Avril,
ne restera pas longtemps entre les mains de Monsieur Edouard Fournier le Directeur, puisque Maxime Lisbonne reprendra
ce cabaret. Maxime Lisbonne proposera chansons, attractions et pantomimes lyriques. C’est là qu’apparaît l’effeuillage… le
premier nu.
Le local est divisé en deux parties ; devant ; les billards, derrière ; la salle et la scène.
Il y crée un pantomime lyrique en 1 acte, le premier numéro de déshabillé, ( du moins c’est l’idée de Didier Deanincks !) et la
pièce « le coucher d’Yvette », de F. Verdellet et musique d’Eugène Arnaud, y fut souvent interprétée une bonne centaine de fois
et pour la première fois le 3 mars 1894 par Blanche Cavelli !!
Le Coucher d'Yvette
D'après de nombreux historiens du spectacle, la première représentation "deshabillée" eut lieu au Divan Japonais rue des
Martyrs. L'erreur est double, il existait bien avant la salle de la rue des Martyrs (75) selon des mémorialistes, dans le passage
de l'Opéra, le "Théâtre naturaliste de Monsieur Chirac" où des comédiens jouaient des scénettes dans le plus simple appareil.
La deuxième erreur consiste dans le fait que la salle que Maxime Lisbonne, ancien communard, avait repris à Jehan
Sarrazin, s'appelait "Les Concerts Lisbonne".
Il fut donné une pièce intitulée "Le Coucher d'Yvette", qui avait été refusée par l'Eden-Théâtre. C'était une pantomime
musicale, streep-tease bien innocent; en effet, la comédienne Blanche Cavelli, enlevait lentement ses vêtements derrière
un paravent à contre-jour, mais conservait, ce que les spectateurs ne pouvaient pas voir, de quoi préserver son intimité.
La censure interdit aussitôt le spectacle en public, mais Maxime Lisbonne contourna la difficulté en ne présentant son
spectacle que sur invitation.
Le spectacle fut repris ensuite à l'Alcazar d'été (aux Champs Elysées).
C'est en 1900, que les choses sérieuses apparurent; deux salles : "le Little-Palace" et "les Folies-Pigalle" proposèrent
des exhibitions de tableaux lascifs "purement lubriques" selon les censeurs. Bien sûr, la police et les tribunaux mirent fin à un
tel scandale ! En appel, les contrevenants ayant été acquittés, le ministère public obtint l
a condamnation sous la présidencede monsieur Landry, sous la qualification d'outrages publics à la pudeur.
La chambre avait fait une distinction entre le nu artistique et le nu obscène. D'une part, le fait de faire représenter au théâtre
des scènes dans lesquelles figurent des femmes nues ne constituait pas le délit d'outrage public à la pudeur, lorsqu'il résultait
des diverses précautions prises, des jeux de lumière combinés, de la disposition de gaze faisant écran avec le public et
de l'éloignement des actrices, de leurs poses purement plastique, immobiles, et dégagées de toute intention lascive !!!
Georges Montorgueil consacrera un ouvrage : Les déshabillés au théâtre :
« Lisbonne ne s’était pas trompé, explique Montorgueil. La fortune sourit à ses espérances. La foule prit le chemin du
cabaret jusque-là dédaigné. Elle y arrivait pour l’unique numéro – très gros peut être – qui l’y raccrochait, et ne marchandait pas
le prix de ses fauteuils… qu’y voyait-elle de si rare ? – Une femme qui se déshabillait pour se mettre au lit… »
Maxime Lisbonne transformera le Concert Lisbonne en « théâtre-concert libre ».
Des pièces furent jouées au théâtre-concert libre : Le Male de Montmartre,
y fit scandale, puis la revue du Colonel, de Jean Varney, le drame l’Amour Impie, l’opérette L’Empereur des Dos d’Oscar
Méténier, les Bras de Vénus.
LE CASINO DES CONCIERGES
Le 28 novembre 1893 il ouvre le « Casino des concierges » 73, rue Pigalle qui tirait son nom du « pipelet » et qui accueillait
les clients à l’entrée, lorsque l’on tirait le cordon.
« Qui que tu puisses être, duchesse ou pierreuse, ministre ou marlou, mercière ou danseuse…quel que soit dans le monde qui
est le tien- mais qui te rase- la position que te fait occuper le destin, viens-t-en à l’adresse ci-dessus…Si ta nature est gaie
tu y entrediendras sainement.
des gens du milieu. L’entrée, fixée à 40 centimes donne droit à la dégustation d’un bock de bière. On y sert des soupers
composés de bouillon, de bœuf bouilli et de fromage. Ce régal populaire est qualifié de « panamiste »
( par référence au scandale de Panama !) ; le tout, arrosé d’une demi-bouteille de vin, coûte un franc… ».
Anne de Bercy
et Armand Ziwès.
Au Casino des Concierges, on y jouera à mi soirée au loto, et on y interprétera une revue du cabaret : « les Emmurés
de Montmartre », de Varney et Blédort.
Le 24 mai 1894, à l’Elysée Montmartre, Maxime Lisbonne invite tous les chiffonniers du quartier à un bal grandiose, on a même dit
qu’on ne voyait pas le bout de la file d’attente des miséreux !
Cf. Le banquet des affamés de Didier Deaninckx.
Mais, en octobre 1894, Maxime Lisbonne connaît à nouveau la faillite.
Infatigable, Maxime Lisbonne ouvre en janvier 1896, rue Notre-Dame de Lorette,
Le Jockey-Club de Montmartre, à l’inauguration duquel on sert des « maquereaux pêchés dans le bassin de
la place Pigalle!
LE CASINO DES CONTRIBUTIONS INDIRECTES
Ce nouveau cabaret ouvre ses portes, en mars 1898, 37, rue de
économies. Le cabaret est installé dans un vaste hangar, aux murs blanchis à la chaux, et meublé de façon rudimentaire.
Les invitations sont libellées dans le plus pur style administratif : « Sommation sans frais de notre bon vouloir ministériel,
Citoyen contribuable, vous êtes priés de vous rendre sans retard à l’inauguration du Ministère qui aura lieu le mercredi
16 mars… »
En 1889, le temps a passé, le portrait du Président CARNOT remplace celui de l’empereur !
« j’espère bientôt devenir directeur d’une nouvelle scène et inaugurer le vrai théâtre, c’est à dire le théâtre moralisateur, le
théâtre honnête, avec des auteurs qui n’auront pas à leur actif une histoire infâme de
n’auront pas, comme Dumas fils, craché au visage des vaincus et cravaché les femmes… »
Maxime Lisbonne et le théâtre: voir le remarquable article:
Les théâtres de Maxime Lisbonne
"Comment classer l’expérience de Maxime Lisbonne ? Est-ce du théâtre ? Il est d’autant plus difficile d’en parler, qu’aucune de ses pièces n’a été publiée. Tout ce qu’on peut dire est que Lisbonne a toujours été attiré par la mise en scène et n’a pas attendu les années 1880 pour se lancer dans le théâtre. Certes, il est acteur dès les années 1860, interprète tous les rôles du théâtre romantique, joue aux Folies Saint-Antoine, et en assure la direction. Mais n’est-il pas également acteur pendant la Commune de Paris ?".
Son destin ne lui permit que d’être directeur de cabaret, comédien fantaisiste et amuseur !
Maxime Lisbonne aime la galéjade, et il sera souvent farceur !
Lorsqu’il lance ses « campagnes académiques » et rend visite aux membres de l’Institut…
Ces visites se terminent au poste de police !
En voyage lorsqu’il dépose sa carte, chez le Prince de Galles, encore chez le Marquis de Salisbury, au nom de la fraternité
des peuples, ou encore chez le Président CARNOT !
Au Concert LISBONNE lorsqu’il organise un « Gala au profit des Huissiers » …et au cours duquel se présente un huissier pour
saisir, et trouve Maxime LISBONNE entouré de 6 lions débonnaires qui lui ont été prêtés par un directeur de cirque, sans doute
le cirque MEDRANO !
Signalons un bel article sur Montmartre et le Cirque Médrano " Montmartre secret".
Maxime LISBONNE fera l'objet de nombreux articles à travers la presse:
Autour de lui, autant d’écrivains que de pratiques : depuis les auteurs « consacrés » (comme Octave Mirbeau ou Jules
Vallès), jusqu’aux écrivains oubliés (Jacques Sautarel, André Veidaux), en passant par les militants plus ou moins connus
(Louise Michel, Charles Malato, Émile Pouget) ou les écrivains fin-de-siècle tentés par l’anarchisme – ainsi que tous ceux
qu’on appelle des « en-dehors », faute de savoir où les classer ( Mécislas Golberg, Manuel Devaldès)… tous essaient de
conjuguer littérature et révolution.
Lepelletier, ami de Maxime LISBONNE, nous laisse ces quelques phrases :
« LISBONNE avait bravé bien souvent la mort. Il avait été relevé sanglant sur le champ de bataille, et on lui avait coupé la jambe
en le considérant sans doute comme à peu près perdu. Il avait subi les souffrances morales de la transportation, aggravant
les fatigues et les privations du bagne. Il était revenu, pourtant alerte encore, joyeux toujours, claudicant avec sa jambe
articulée, mais plein d’entrain et de bonne humeur, secouant ses longs cheveux sur ses épaules larges, allant poitrine en
avant, défiant la misère, dédaignant les déboires, les soucis de l’existence, comme il avait nargué la fusillade, la prison, l’exil… »
On trouve encore la trace de Maxime LISBONNE en juillet 1904 à la fête de Reuilly à Paris:
En juillet 1904 Maxime LISBONNE est à la fête de Reuilly, à la baraque à Dorville où il évoque une nuit de Montmartre:
"Maxime Lisbonne! Il est donc encore de ce monde ? Certes ! Et presque pas changé. Je l'aperçois, prenant un instant de repos, au pied de la baraque. Il est descendu du tréteau de parade et a échangé pour quelques minutes son légendaire tuyau de poêle à bords plats, contre un léger chapeau de paille." - Le journal " Le magasin Pittoresque - 1er juillet 1904 - Maximin ROLL
Maxime LISBONNE passera ses dernières années à La Ferté Alais chez Mme MOUROT, belle sœur de son épouse, 11 Av. du
Général Leclerc.
Il passe souvent ses soirées dans le café de Mme Chevallier, place Carnot.
Ici repose LE CITOYEN MAXIME LISBONNE Décédé le 25 mai 1905 A l’âge de 66 ans Regretté de sa veuve De son fils Et de ses nombreux amis ______________ Madame Veuve Lisbonne Décédée le 28 février 1914 A l’âge de 76 ans Regrettée de ses petits enfants Et arrières petits enfants
Le 27 mai 1905, la presse se fait l’écho du décès de Maxime LISBONNE :
« Avec lui disparaît, en somme, un des plus vaillants soldats de l’insurrection républicaine communaliste et patriotique de 1871…Les socialistes nouveau genre lui reprocheront lâchement son cabotinage. Nous pas ». ( L’intran, 27 mai 1905).
« Après l’amnistie, il revint à Paris et dirigea quelques temps le théâtre des Bouffes du Nord. Mais où Lisbonne conquit une
sorte de célébrité, c’est lorsqu’il créa des cabarets excentriques…Tant de joyeuseté et d’ingéniosité ne menèrent Maxime
Lisbonne ni à la gloire, ni à la fortune. Il est mort pauvre et presque oublié ». ( Le Matin, 27 mai 1905).
« Sa verve copieuse, jamais tarie, sa franche bonne humeur attiraient chez lui une foule joyeuse faisant rouler l’argent. Mais
entre les mains de Lisbonne, il ne roulait pas, il fuyait, fuyait… Le voilà parti, ce gai vivant, et l’on ne reverra plus sa
silhouette caractéristique, sa tête forte, aux longs cheveux bouclés, au menton proéminent, ses pantalons à la hussards, son
gilet toujours déboutonné, son large feutre posé de guingois, ce gilet et ce feutre qui effarèrent tant de graves académiciens,
lors des fameuses tournées académicides. Ce fut, certes, un fantaisiste compagnon, que Maxime Lisbonne, mais un vaillant
et aussi brave homme » ( L’Humanité, 27 mai 1905).
D’autres publications lui consacre des articles : Tout Paris,
Même, plus tard, le journal COMOEDIA du dimanche 29 mars 1906 publiait en première page :
« A la mémoire du colonel Lisbonne, on eut bien étonné le vieux communard, le fondateur de
frites révolutionnaires, au casino des concierges et directeur du divan japonais après Jehan Sarrazin, si on lui eut prédit qu’il
serait un héros de conférence de société savante…récemment M. de Crauzat, fort au courant du passé, même le plus moderne
de
de cette société vient de publier le texte ». (Crauzat – Maxime Lisbonne – le vieux Montmartre – 57ème – 58ème fascicule –
3ème et 4ème trimestre 1905).
Henri Pelletier lui rendait hommage en ces termes : « Ceux qui ont connu Maxime Lisbonne n’ont pu oublier cette tête
si caractéristique. Avec un nez un peu écrasé, ses muscles puissants et ses cheveux qui se déroulaient en crinière,
Maxime Lisbonne faisait songer à un lion, sa voix enrouée et puissante en imitait même parfois le rugissement, et surtout il
en avait le courage (…) la dernière carte qu’il adressa à Gérault – Richard et dans laquelle il s’excusait de ne pouvoir venir
assister à la fête donnée pour élever un monument à Jean-Baptiste Clément, était envoyée de
« Villa de la purée sociale ».
L'Abeille, le journal d'Etampes écrivait le 3 juin 1905:
« …Selon ses volontés, Maxime Lisbonne fut enterré civilement, sans pompe, accompagné seulement à sa
dernière demeure par la fanfare, dont il était membre honoraire, quatre pompiers, le lieutenant et le tambour.
Une foule d’amis suivait le convoi, apportant à la famille du défunt une nouvelle marque de sympathie. On
s’attendait à des manifestations, le drapeau rouge devait être déployé, des discours révolutionnaires devaient
être prononcés. On attendait Da Costa, Rochefort et d’autres encore : personne ne vint. Le convoi précédé par
le garde champêtre qui pour la circonstance, avait mis en évidence sa plaque, emblème de ses attributions,
ainsi que la cérémonie d’inhumation, tout fut d’un calme pénétrant. Pas d’orateurs, partant, pas de
panégyrique, seuls, MM. Weber, et Malterre, le premier au nom de ses amis de Paris, le second au nom de ceux
de
Justice, Solidarité », puis il s’en fut laissant les assistants se demander quel était le sens quelque peu énigmatique
et très obscur de ces trois mots. Coïncidence bizarre, Maxime Lisbonne fut enterré le jour anniversaire de la fin de
ses cendres ».
Maxime Lisbonne ne devait jamais revenir à Paris, celui là même qu’il avait fait tourbillonné quelques
années auparavant, tant de ses convictions courageuse et braves sur les barricades, que de sa gaieté et son
goût prononcé de la provocation libertaire, affranchie et indépendante.
Dans son ouvrage " la Vie de Paris" (1905) Jean Bernard, avocat, écrira:
"Une des figures les plus originales de ces quarante dernières années vient de mourir. Il professait volontiers des idées
anarchistes, en réalité, c'était un communaliste désabusé.
- Voyons Lisbonne, lui disais-je, un jour, croyez-vous vraiment à l'anarchie ?
- Mon cher ami, me répondit-il, on croit toujours à une cause pour laquelle on a exposé sa peau et j'ai présenté ma poitrine
aux balles versaillaises. Si je n'avais pas cru aux idées anarchistes, je serais resté chez moi. Les hommes,
c'est une autre affaire !
Pauvre Lisbonne ! Je fus longtemps son avocat et il fit les beaux jours de la dixième chambre, qui était alors
présidée alternativement par deux hommes d'esprit: M. Bartholon qui avait été président de chambre à Limoges et par M. Labour
qui a écrit un livre des plus curieux sur M. de Monthyon, dont il a établi, avec des preuves irrécusables, l'avarice sordide
et l'égoïsme féroce de son vivant. Au commencement, ces magistrats avaient une certaine crainte de ce pauvre Lisbonne, qui
les surprenait par ses déclarations enflammées, mais ils s'y étaient habitués et le traitaient en client de choix, prononçant
des amendes modérées pour les nombreux délits qu'il accumulait à plaisir dans le journal éphémère qu'il rédigea un moment:
l'Ami du Peuple.
Du reste, il ne cachait pas son dédain pour ces amendes qu'il mettait au défi l'huissier le plus madré de saisir; quand se
présentait à son domicile un de ces honorables officiers ministériels, il s'écriait de sa voix de stentor:
- Laissez passer les laquais de la justice, il n'y a rien à enlever ici !
Il connaissait du reste, trés bien la procédure, ayant été clerc de notaire avant de devenir directeur de théâtre et Colonel de
la Commune. Il avait des plaisanterie un peu grosses, et un jour il eut l'idée de demander audience à M. Carnot, par une lettre
si spirituelle que le bon président, malgré l'avis de son secrétariat, donna l'ordre de le recevoir à un jour convenu. Lisbonne
ne manqua pas l'heure; il s'était mis en habit, exagérant le protocole qui n'exige que la redingote pour ces sortes de
visites ; seulement, cet habit noir sentait affreusement le pétrole.
- C'est l'odeur de la Commune que j'ai introduite à l'Elysée, disait-il, et puis mon " sifflet " avait des tâches et on doit se
présenter décemment devant le chef de l'Etat.
Au fond, c'était un fantaisiste, mais il était bon et toutes ses grosses malices se terminaient en éclats de rire.
La dernière fois que je le vis, c'était à l'enterrement d'un autre combattant de la Commune Lissagaray que nous conduisîmes
au Père-lachaise par une après-midi mouillée ; nous étions cinq cents, l'églantine rouge à la boutonnière.
- Ah ! par ce temps humide, me dit-il, ma vieille jambe me pèse ; aidez-moi un peu à grimper la côte de " monte à regret !"
- Ah ! ça, mais vous êtes fonctionnaire, vous ?
- Quelle blague ! Les journaux l'ont imprimé, mais ce n'est pas vrai. Clémenceau avait demandé pour moi la recette buraliste
de Dieppe, mais on ne la lui a pas donnée, et je suis aussi gueux qu'au temps de " la Taverne du Bagne ". Vous rappelez-vous ?
- Je crois bien ; là-haut, à Montmartre, tou le Jockey-Club y défila.
- Maintenant, je vais ouvrir quelque chose d'analogue : " la Maison de la Purée" ; on boira un bock pour vingt sous et on recevra
un bon pour un repas à quelque pauvre bougre de prolétaire. Vous viendrez à l'ouverture ?
- Je n'y manquerai pas.
- Et vous écrirez un de vos chapitres ? J'ai beaucoup d'amis un peu partout.
- C'est entendu.
La nouvelle entreprise fit un peu de bruit, mais ne réussit pas ; Lisbonne se retira à la campagne, dans un coin de village où il
est mort.
Lisbonne, Lissagaray ! C'est le bataillon des survivants de la Commune qui s'éclaircit.".
Jean Bernard.
Une épitaphe est gravée sur la plaque de sa tombe:
"À Maxime Lisbonne hommage de l'Académie d'histoire ".
Sa femme, Elisa DODIN, décédera à la Ferté-Alais le 28 février 1914 et aura pour témoin l’artiste peintre
Fertois Prosper Galerne, qui décédera le 31 août 1922.
Marcel Cerf, de l’Académie d’Histoire a rédigé un livre qui s’intitule « Maxime Lisbonne le D’Artagnan de
Il convient de signaler les romans de Gaston Leroux, « Les aventures de Chéri-Bibi » ou l’auteur raconte
les mésaventures d’un ex-bagnard…poursuivit par les fatalités, et dont les tribulations l’amène dans les
cabarets Montmartrois !
En outre, on doit noter que l’auteur de roman policier Didier Daeninckx a rédigé un roman « 12 rue Meckert» dans lequel il
retrace une intrigue d'un personnage sous le nom de Maxime Lisbonne.
Enfin, plus récemment Jean Vautrin et Tardi ont retracé dans une bande dessinée intitulée « le Cri du Peuple », la période de Maxime Lisbonne au temps de la commune. Le Cri du peuple était un journal dirigé par Jules Vallés.
Edouard Lepelletier, qui fut lui-même membre de
1871, rend à Maxime Lisbonne un hommage dont on pourrait faire une épitaphe notoire :
« Ce raillard, ce farceur, ce cabotin-colonel, se montra l’un des plus vaillants, à une époque où le courage courait
les rues. Ses compagnons l’avaient surnommé le Murat de
Lisbonne se plaisait à caracoler au milieu des balles…Ces allures de mousquetaire, excusables par la bravoure dont il fit preuve
en vingt occasions, méritent encore l’indulgence par la modestie qui les accompagnait. Il devenait simple, lorsqu’il parlait de
lui-même. »
Le Dictionnaire de
Maxime LISBONNE s'attira à nouveau des ennuis à titre posthume en 1970 lors de l'inauguration de la rue qui
porte aujourd'hui son nom, qu'on en juge:
Hommage lui fut rendu, tard, mais rendu...
Son épouse, Madame Elisa née DODIN décédera en 1919, non sans avoir sollicité une concession pour la famille Lisbonne à perpétuité.
En 2005, à l'occasion du centenaire de la mort de la Maxime Lisbonne, la ville de la Ferté Alais lui rendait hommage
en présence de Monsieur Marcel Cerf, des Amis de la Commune de Paris et des Libres Penseurs.
Philippe AUTRIVE
Maxime Lisbonne le D’Artagnan de
Paris sous
Louise Michel « Mémoires » Éditions
Louise Michel «
Le Cri du Peuple, de Tardi et Vautrin, Editions CASTERMAN
Les cartes postales du chat noir sont extraites de wwwnotrefamille.com
12, rue Meckert Série Noire Gallimard par Didier Daeninckx
Histoire de
Le banquet des Affamés - Gallimard - Didier Deaninck
La revue La Commune - Association des Amies et Amis de la Commune de Paris (1871)
Les Théâtres de Maxime Lisbonne par Caroline GRANIER
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